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Comprendre la transmission de la mémoire intergénérationnelle

« Mémoire de là-bas » est une plongée au cœur de la mémoire de trois générations de pieds-noirs afin de comprendre comment s’est transmise leur histoire. La première génération a eu une activité professionnelle et a fondé une famille en Algérie. La deuxième génération concerne de jeunes adultes avant l’exode de 1962. La troisième génération est née en France. L’ouvrage est construit à partir d’extraits d’interviews commentés. Je ne suis ni historien, ni sociologue ou politologue, mais psychologue, et j’ai traqué les faits tels qu’ils ont été ressentis, imaginés, transmis à la descendance et reçus par elle. Cette incursion dans le souvenir révèle les représentations d’un là-bas disparu. Également les silences qui ont privé les jeunes générations de leur mémoire et de leur histoire. Pourtant, malgré cette absence de paroles, la troisième génération a accompli sa résilience. Cinquante ans après l’exode des pieds-noirs, « Mémoire de là-bas » donne enfin les clés qui permettent de comprendre un exil d’un pays qui n’existe plus.

jeudi 13 août 2009

DÉCOUVREZ LES COMMENTAIRES DES VISITEURS DU BLOG PENDANT L'ÉCRITURE DE "MÉMOIRE DE LÀ-BAS"













23 commentaires:

Hubert RIPOLL a dit…

J'ai démarré mes interviews en octobre 2008, par Marcel Weinachter, pied-noir de la première génération, né à Constantine, puis par sa fille Nicole, née également à Alger, et d'André Navarro - première génération - né aussi à Alger.
Ceci m'a permis d'affiner ma méthode. J'ai par la suite interviewé les trois générations de la famille Muscat, qui vivait à Constantine, puis deux générations de la famille Canino, qui vivait à Philippeville.
Ces premières interviews m'ont permis de mieux préciser les contours de mon livre et le style d'écriture.
J'ai fait relire ces interviews à certains de leurs auteurs et leurs réactions m'ont touchées. Surtout les réactions des familles qui ont découvert, avec une grande surprise, ce qu'ils ne savaient pas de leurs parents ou de leurs enfants et petits enfants. Ils m'ont fait part de leurs émotions enfouies dans leur mémoire et bien rarement, voir jamais, exprimées.
J'ai ce livre en projet depuis très longtemps. J'ai toujours remis à plus tard. Il a fallu qu'un de mes proches, de la première génération, disparaisse pour que je me décide à m'y mettre avant qu'il ne soit trop tard. J'ai mis en chantier ce projet il y a déjà deux ans. J'ai beaucoup hésité, failli abandonner tant l'entreprise me semblait difficile, mûri aussi. Ces premiers retours m'ont convaincu de poursuivre.

jean-michel a dit…

salut hubert
merci pour ton initiative de conserver la mémoire des anciens
j ai bien noté ton inscription dans mon annuaire et j esperes que tu passeras dans le chat des pieds noirs

Hubert RIPOLL a dit…

Ce mois d'août a vu véritablement démarrer "Mémoire de là-bas", en prenant contact avec différents réseaux : le site de Jean-Paul Castanet, sur Philippeville, Algérie mes racines, Forum des pieds-noirs, Pieds-noirs aujourd'hui, Dier-es-Sada, les Sépias de Toulon et de Nice, les amis de Constantine..., qui tous, ont relayé mon projet. Du coup, vos appels téléphoniques et vos mails ont été nombreux : de Rouen, de Nice, de Marseille, de Sète, de Pézenas, de Rennes, de Nancy, de Montpellier, d'Usez, de Six-fours, de Montréal et d'Argentine. Vous avez eus ces mots encourageants et touchants : "Allez-y, continuez, c'est un beau projet, dites-leur, dites-le-leur, à nos enfants d'abord, et à tous les autres". Face à votre intérêt, j'ai dû changer de procédure. Dans l'incapacité de vous interviewer en face à face, j'ai procédé par téléphone : avec Nancy, de Nancy, avec Jean-Claude, de Buenos Aires et j'ai innové par Skipe avec Paul-Claude de Rennes. Certains d'entre vous : Gérard de Six-Fours, Gérard de Québec m'ont confié des trésors d'écriture, des pages et des pages d'émotions à l'état brut. C'est émouvant de se, sentir, à ces moments-là, le dépositaire d'histoires personnelles, de gens que l'on ne connaît pas, que l'on ne rencontrera peut-être jamais. Et cette question : suis-je à la hauteur de mon projet, à la hauteur de leur confiance ? Et puis, il y a eu vos messages sur mon blog : les encouragements de cette mamie de quatre-vingt cinq ans, qui m’a contacté depuis, les cris de douleurs de cette anonyme, née en 1948, à Philippeville, les si belles pages, émouvantes et amères, d’Émilie, contactée depuis. Des messages de miel, de larmes et de sang, comme dans ce pays de miel de larmes et de sang. Des petits fragments de grande émotion, des petits fragments de franche parole. Parole enfin libérée, chez certains, qui n'en ont jamais parlé.
Merci,
Hubert

Hubert RIPOLL a dit…

Internet et le téléphone ont du bon. Ce blog et le relais de quelques autres sites (Amis de Philippeville (Le site de Jacky Colatrella) ; Philippeville (site de Jean-Paul Castanet), Algérie mes racines) m'ont fait entrer en contact avec de nouveaux collaborateurs. J'ai à ce jour enregistré 8 d'entre vous de la 1ère génération (5 programmés, à venir), 10 de la 2ème génération (3 programmés) et 2 de la 3ème génération (3 programmés). Cela fait pas mal de travail, à 1h30 en moyenne par interview. Je commence à y voir clair sur le contenu de Mémoire de là-bas.
Fait nouveau, très intéressant, vous êtes nombreux à m'adresser vos "mémoires". Entre quelques pages et des centaines. C'est toujours très touchant de vous lire. Ceux qui me font cette confiance me disent toujours qu'ils écrivent pour leur descendance, tout en redoutant que celle-ci ne trouve aucun intérêt à cette lecture. Ils ajoutent toujours, presque en s'excusant : "Je ne suis pas un spécialiste de l'écrit", c'est vrai, quand ce n'est pas : "Je ne sais pas écrire", c'est faux. Ecrire ses sentiments, c'est cela la vraie écriture. Le reste : la syntaxe, la grammaire et les tournures de style sont secondaires, et je suis là pour reprendre ces textes, sans en changer l'identité. J'ai donc ouvert une rubrique, dans le blog : EXTRAITS D’INTERVIEWS ET BONNES FEUILLES DE "MÉMOIRE DE LÀ-BAS" où j'ai fait paraître deux très beaux textes et un extrait d'interview.
On a appris à faire le couscous avant la soupe
L'appel de la terre
Des images pour parler de là-bas
Je poursuivrai désormais régulièrement cette rubrique.
Nombreux sont aussi les anonymes qui inscrivent des choses très vraies et touchantes dans la rubrique du blog intitulée : Participez à l'écriture de "Mémoire de là-bas". Tous ont en commun le désir de laisser une trace, comme cet anonyme qui a écrit : "Oui il faut témoigner de ce que nous avons vécus "là-Bas". Il faut que nos enfants et petits enfants connaissent nos origines, leurs origines... "pied-noires" puisque c'est ainsi qu'on nous a catalogués. Il faut qu'ils sachent ce que leurs aïeux ont fait pour ce beau pays. Il faut qu'ils sachent qu'ils ont sué sang et eau et qu'ils n'ont pas fait "suer le burnous", comme on a bien voulu le faire croire en France.
Moi-même, j'écris mon histoire, faute de pouvoir en parler à mes enfants. Je ne les sens pas réceptifs. Ils ont été influencés, en grande partie par les enseignants et l'opinion Française. Un jour ma fille ma dit "C'est vrai maman que les Arabes n'avaient pas le droit d'aller à l'école ?" Là, j'ai bondi. Je lui ai montré mes photos de classe où il y avait au moins autant, sinon plus suivant les années, de petits arabes que de petits français.
Pour eux la page est tournée. Pas pour moi ! J'écris donc mon histoire avec mes mots, je n'ai aucun talent pour le faire mais je laisse parler mon cœur. Je leur laisserai mon témoignage. Ils en feront ce qu'ils voudront mais ils ne pourront pas dire : "Je ne savais pas !" Un jour, ma petite fille (10 ans) découvre, étonnée, que j'étais née en Algérie. Et oui ma chérie! comme ta maman, comme ta grand mère, comme ton arrière grand mère, comme ton arrière, arrière grand mère. Raconte-moi mamie ! Là, je dois dire qu'elle m'a fait un immense plaisir. Elle attend avec impatience que je finisse d'écrire mon histoire. Mamie, je la garderai avec mes plus beaux souvenirs ! Tout n'est pas perdu ! Inch Allah !

Je reprendrai ces très beaux textes dans Mémoire de là-bas.

Juste pour finir : Alors qu'au cours d'une interview, je demandais à Gérard pourquoi ce retour à ses racines, celui-ci m'a retourné la question: "Et toi ?". Oui, et moi ? Peut-être que l'un d'entre vous devrait m'interviewer pour le savoir vraiment. J'en resterai à ce qui m'a incité à m'engager dans cette aventure. Décrire la mémoire de trois générations de pieds-noirs en leur donnant la parole pour qu'il parlent de l'indicible : des sentiments, tout simplement des sentiments.
Amicalement et à bientôt.
Hubert

Anonyme a dit…

Je trouve votre initiative très intéressante mais je me demande bien à quoi ça sert. Oui, que restera til de notre mémoire lorsque notre génération ne sera plus là. J'ai bien peur qu'on tombe dans l'oubli. malgré ce sombre pressentiment, votre tentative m'intéresse et je suis prête à témoigner. Avant, répondez à ma question malgré tout. A quoi ça servira ?
Lydia de Batna

Hubert RIPOLL a dit…

Très bonne question : à quoi ça sert ?
A témoigner sur la vie des pieds-noirs en Algérie, sur ce qu'il reste de cette mémoire cinquante ans plus tard, et sur ce qu'ils sont devenus depuis. La question qu'il faut se poser est : "qu'est-ce qui a été dit sur les pieds-noirs ? Beaucoup de choses sur le plan politique. Presque toujours partisanes, selon moi, quel que soit le bord de celui qui écrit. Beaucoup de choses sur le plan historique. Mais on ne refera pas l'histoire. Je ne suis ni politologue ni historien mais psychologue, et je souhaite dépasser ces points de vue pour aller aux choses essentielles les émotions, les sentiments, le souvenir des saveurs et des odeurs, le goût des larmes qui ont coulé aux commissures des lèvres, les sonorités des fous-rires insouciants malgré le drame souvent très proche. Cela ne s'invente pas. C'est pour cela que je donne la parole à trois générations d'individus venant de milieux très différents. Vous dites : "J'ai bien peur qu'on tombe dans l'oubli." C'est très probable. Raison de plus pour laisser la trace la plus vraie de notre communauté. Sans esbroufe, sans effets de manche. Vraie et pure, tout simplement. Tout d'abord pour nous mêmes, pour nos enfants. Peut-être, aussi, pour ceux qui ont vu débarquer sans comprendre, sans les comprendre, ces êtres déboussolés, par de beaux matins d'été de 1962, leurs maigres balluchons à la main.
A + Hubert

Unknown a dit…

très bonne initiative, car si nos enfants ont un "peu occulté" notre passé, peut être parce que nous, aussi, nous ne désirions pas en parler et nos parents encore moins!!!! à la maison c'était tabou, toute cette souffrance il fallait la rayer, l'oublier!!!!
mais voilà il y a nous...qui sommes arrivés adolescents, toute cette souffrance est ressortie lorsque nous avons atteint un âge certain!!!! mais je dois dire que petit à petit mes enfants posent des questions, sont pensifs, mais le plus beau de mes cadeaux c'est mes petits enfants qui me l'ont fait un jour où je leur racontais la sempiternelle histoire de Bob le bourdon, ma petite fille 8 ans m'a dit : mamy raconte moi la bas...." une bouffée d'émotion et depuis.........voilà
bravo
merci
adrienne la bel abbésienne

Hubert RIPOLL a dit…

Hubert à Andregerard15 (adrienne la bel abbésienne)
Et si vous me disiez tout cela au cours d'une interview.
Contactez-moi au 06 28 72 71 28
Merci,

Hubert

Hubert RIPOLL a dit…

COMMENT AVANCE MON TRAVAIL (3)

J’ai assez bien avancé, ce dernier trimestre 2009. M’étant fixé quinze interviews par génération, j’approche du but. Il m’en manque 3 pour la génération des anciens, 4 pour ma génération, et 10 pour la génération née après 1962. C’est donc vers cette génération que je lance un appel. J’espère finir ces interviews à Pâques. Après, ce sera une autre étape dont je vous parlerai plus tard.
Au fil des interviews, et en croisant les discours, je continue à avancer dans ma quête de sens.
Gérard a trouvé les bons mots pour exprimer la notion de terre – au sens physique du terme, moi qui y voyait surtout un symbole. La terre est la matière que l’on travaille, celle avec laquelle ont dresse des édifices, celle qui ensevelit à la fin de la vie. J’ai questionné dans ce sens, à la suite, et des pans entiers de notre histoire et de notre mémoire me sont apparus. Ainsi, Gilbert et Jean-Claude ont su exprimer le sens profond de notre attachement aux édifices religieux – des lieux qui célèbrent les différentes étapes de la vie – et aux cimetières – qui renferment l’histoire des générations. J’ai mieux compris la forme de désespoir ressenti à la destruction des églises – celle de Philippeville – et au « réaménagement » des cimetières.
Grâce à Yvon et à Jacky, j’ai avancé sur le terrain très délicat du rapport à la France et des sentiments de frustration et de colère de ceux qui ont combattu sur tous les champs de bataille avant l’abandon de la « mère patrie ».
Lionel et Alexandra m’ont aidé à comprendre le regard que posent ceux, nés après 1962, sur les anciens ; leur demande aussi. Ils disent, souvent mieux que nous-mêmes, les mots que l’on a du mal a exprimer. Je les ai sentis prêts à exhumer les souvenirs du petit peuple qui vivait sur cette province française d’outre-mer.
Solange et Simone m’ont parlé de la demande d’explication de leurs petits enfants, nés dans les années 80-90. C’est à l’intention de cette génération que beaucoup d’entre vous écrivent leurs « mémoires », que certains m’ont confiées. J’en reprendrai prochainement quelques extraits dans le blog.
Bien sûr, vous m’avez longuement parlé de la vie de tous les jours. Celle des communautés d’Italiens, d’Espagnols, de Mahonnais, de Maltais, d’Alsaciens, de Français de métropole, de chrétiens, de juifs et d’arabes. Au fil des souvenirs, vous m’avez rappelé la lueur des crépuscules dans les champs d’agrumes, le bleu intense de la mer, la violence du soleil d’été, les étouffantes nuits de siroco, le parfum entêtant des jasmins, les soirs d’été, les exhalaisons âcres et suaves de la terre, après la pluie, les fortes odeurs des lampes à carbure, au retour des lamparos, la saveur de la mouna, au parfum de fleur d’oranger, les senteurs épicées des brochettes et des merguez sur les braséros de la « marinelle », à Philippeville, et les kanouns, à Fort-de-L’eau. Vous m’avez entraîné sur les plages de sable blond, à l’assaut des vagues de Jeanne d’Arc, de Stora, de la Madrague, de Sidi-Ferruch, de Jean-Bart, de La Perouse, de Moretti, de Surcouf, de Gassiot, de Saint-Cloud et des Andalouses. J’ai pris avec vous les routes du ravin des Singes, de Stora du haut et la corniche de Didjelli. Nous avons « fait » ensemble le cours Bertagna, la place de la Brêche, les Arcades et la place Marqué. Nous avons gravi, à bout de souffle, les pentes de Santa-Cruz et de Notre Dame d’Afrique. Je n’ai pu choisir entre la saveur des brochettes de Philippeville et celles de Fort-de-L’eau, entre la chair de l’agneau du Kroubs et celui de Bône ou d’Oran.
Vous n’avez pas résisté à me parler de Bône la coquette et de Philippeville, la t... Je me suis amusé à vous répondre que le pont Romain valait bien le pont Suspendu… et va te la prendre...
Mon livre commence à prendre de la consistance.

Hubert, le 3 janvier 2010

Anonyme a dit…

J'aime votre entreprise. PN de la 3ème génération, j'ai 28 ans. J'ai vu mon grand-père errer à la recherche de ses racines et mon père est incapable de parler des siennes sauf lorsqu'il est entre pieds-noirs. J'en ai marre de ces vieilles histroires d'Algérie Française et de les voir refaire tous les jours le coup d'état manqué. j'en ai marre de ces discours partisans qui condamnent d'un côté et encenssent de l'autre. Je veux juste que l'on me dise comment mes ancêtres vivaient, à quoi ressemblait cette terre, quelles étaient ses odeurs. Mais par pitié, pas de larmes, pas de sang, pas de revanche, oublier De Gaule. J'espère que votre livre me donnera enfin ce que j'attends.
Manolo

Hubert RIPOLL a dit…

Hubert à Manolo :
Vous dites : "pas de larmes, pas de sang, pas de revanche, oublier De Gaule". Vous n'êtes pas le seul de votre génération à me dire cela. C'est bien ce que je souhaite faire dans ce livre. Evoquer notre pays, sa lumière, ses odeurs, ses mélanges ethniques, ses souffrances et sa joie de vivre. Les bains de mer et les promenades.
Et pourtant, il faut comprendre et pour cela on ne peut taire les larmes et le sang. Vouloir les chasser, c'est les retrouver au carrefour de notre route. Non, ne pas les chasser ; les comprendre. Pour comprendre le déracinement d'une, de deux, de trois générations.
Certes, sans haine, sans esprit de revanche, pour seulement trouver l'apaisement et regarder devant sans nécessairement oublier.
Hubert

Anonyme a dit…

Bonsoir Manolo,

Si vos parents et vos grands-parents avaient vécu en Corse ou en Auvergne, ils auraient certainement eu grand plaisir à vous raconter, avec des "larmes" de rire, leurs promenades à bicyclette, leurs ballades en forêt et les parties de pêche dans l'étang prés de la ferme. Vous auriez pu emprunter les chemins de campagne qu'eux même ont parcouru jadis. Et je suis même persuadé que dans le fond d'une grange, vous auriez retrouvé le vieux vélo rouillé de leur enfance.

Seulement voila, vos parents ont vécu en Algérie. Ils ont vécu huit années de guerre impitoyable et on a fini par leur dire que ce pays où il étaient nés et où ils avaient vécu, et cela depuis plusieurs générations, n'était finalement pas le leur. Puis, ils en ont été chassés. Alors, oui ! à chaque fois qu'ils en parlent, il ne ressort que de la douleur, des larmes et le souvenir du sang versé.

Il faut leur pardonner, car ils ont des circonstances atténuantes. Il faut leur pardonner aussi cette vision partisane des évènements qui consiste à dépeindre une situation en une blancheur immaculée d'un coté et apocalyptique de l'autre. Pendant ces huit années de guerre, la souffrance fut partout.

Je vous rejoins : vouloir refaire le monde de jadis, ressasser le coup d'état manqué, réinventer ce qu'il aurait pu arriver si..., regretter, condamner, entretenir la colère des poings serrés, et la haine éternelle de l'injustice, ceci ne mène ni à la sérénité ni à la paix. Ceci rend éternellement malheureux...

Mais tout un chacun ne peut pas toujours faire ce pas en avant, car il subsiste chez beaucoup d'entre nous le souvenir violent de l'arrachement du pays natal, du parent ou de l'ami disparu.

Personnellement, j'essaie de rechercher le juste équilibre en écrivant, bien que dans chacun de mes modestes petits récits figure en filigrane une teinture toujours un peu teintée de rouge.

C'est une quête que Camus décrit dans "le vent à Djemila" :

"Et devant le vol lourd des grands oiseaux dans le ciel de Djemila, c'est justement un certain poids de vie que je réclame et que j'obtiens."

Pour ma part, c'est un peu plus de sérénité que je réclame, mais je ne sais si je l'obtiendrai...

Cordialement.
Luc Demarchi.
http://www.demarcalise.org
Voir rubrique "Je me souviens".

Unknown a dit…

bonsoir,

profodément pied noir de la nouvelle génératio né apres l indépedance,je suis fortement attaché à mes racines, je suis très heureux de pouvoir collaborer au travail méritant et reconnaissant d hubert
a bientot d echanger pour le lien de notre mémoire Yves

Hubert RIPOLL a dit…

Je suis enfin arrivé au terme des interviews – 15 pour la première génération (celle des anciens), 18 pour la seconde et 15 pour la troisième – réalisées en France, en Allemagne, en Argentine et au Canada ; ce qui démontre, mais ça vous le saviez, que les pieds-noirs sont des globe trotter. J’ai commencé le traitement de ces interviews que j’espère finir cet été. Puis ce sera le moment de passer à l’écriture de “Mémoire de Là-bas“. J’ai maintenant une idée plus nette du contour de ce livre. Il montrera que le relais intergénérationnel par lequel passe la mémoire est quelque chose de très subtil. Il se transmet en effet beaucoup plus de choses qu’on ne le pense généralement et, bien sûr, des choses que l’on ne soupçonne pas. Parmi ce à quoi l’on pense, il y a l’ambiance et la façon de vivre pied-noire, des noms de lieux de promenades, de plages – ah la mer !- des bâtiments – au premier chef desquels la maison des parents et des grands-parents –, la mémoire des origines et des anciens, leurs dernières demeures, des odeurs, des expressions, des histoires et des émotions. Parmi ce à quoi l’on ne pense pas, et qui devrait être un des intérêts du livre, s’agissant notamment de la génération née après 1962, il y a la douleur de l’exil et le sentiment de manque du pays perdu. Bien sûr, ces sentiments sont en relation avec ceux qu’ont connus les grands-parents et les parents et la puissance de leur traumatisme et/ou leur capacité à le surmonter détermine la relation de la troisième génération par rapport à l’Algérie. J’ai compris plusieurs choses à votre écoute. La nature du traumatisme qui est très différente pour la première et la deuxième génération ainsi que la signification profonde de ce traumatisme qui puise sa force au-delà même de la perte de repères. La signification du mot racines qui est plus qu’une image ; une sorte de physiologie charnelle qui lie à la terre. La raison de l’attachement à la cuisine pied-noire qui est d’abord partage avant d’être nourriture ; ou alors nourriture spirituelle, au-delà des saveurs. Mais cette écriture, ce sera pour plus tard, lorsque j’aurais traité les soixante dix heures de bonheur et de douleur que vous m’avez confiées.
Hubert, le 15 juin 2010

Elbaz a dit…

excellente initiative. J'attends avec impatience la sortie de votre livre.
mary-claude

Pierre a dit…

Je découvre un peu tardivement votre excellente initiative. Mes parents m'ont laissé de nombreux écrits sur l'Algérie, dont bien sûr, beaucoup de souvenirs (dessins aussi), qui auraient peut-être pu contribuer à votre ouvrage.
J'ai écrit récemment une chanson sur mon enfance à El Biar, que vous pouvez écouter ici :
http://www.myspace.com/scalamusique
ou
http://wizzz.telerama.fr/scala
Merci de vos commentaires éventuels.
Bien amicalement.
Pierre Prat

Hubert RIPOLL a dit…

Hubert @ Pierre,
Vous n'aviez que neuf ans et depuis la vie à coulé. Le phare est pourtant là, intact dans vos souvenirs amers. Votre chanson ma ému. Vous devriez la publier dans EXTRAITS D’INTERVIEWS ET BONNES FEUILLES DE "MÉMOIRE DE LÀ-BAS" de ce blog car elle en émouvra certainement d'autres. Peut-être, en reprendrais-je des extraits dans mon livre, avec votre permission et en vous citant bien sûr.
Contactez-moi par mail si vous en êtes d'accord.
Amicalement,
Hubert

Hubert RIPOLL a dit…

COMMENT AVANCE MON TRAVAILl (5)
Me voilà arrivé au terme de la première étape d’interview. 56 au total, près de 200 pages. Voici quelques informations sur mon travail d’écriture. “Mémoire de là-bas“ consiste en des va-et-vient entre les interviews et mes analyses. Ainsi, je sélectionne des passages des interviews que j’analyse par un éclairage psychologique, sociologique, et à un degré moindre, historique. Mon propos étant d’analyser comment la mémoire des pieds-noirs a été transmise, je mets en relation les discours des trois générations. Pour vous éclairer, voici un lien http://hubert.ripoll.perso.esil.univmed.fr/Extrait.pdf vers un extrait du premier chapitre de mon précédent livre : “Le mental des champions“ (Payot 2008) qui adoptait la même construction (voir aussi : http://mentaldeschampions.blogspot.com/ ). Ce livre repose sur les interviews de 16 champions d’exception (champions du monde et/ou olympique) que j’analyse à partir des données de la psychologie.

Anonyme a dit…

Je viens de découvrir votre blog et je trouve cette idée de faire un livre sur la transmission de la mémoire et de travailler à partir d'interviews est une excellente chose. Si vous permettez, juste une remarque. Ne faites pas un livre sur les éternelles blessures. On en a que trop parlé et ça ne sert à rien de ressasser le pourquoi et le comment. Pour ma part, je suis né en France en 1983 et j'aimerai un livre qui parlerait de la façon dont mes parents ou mes ancêtres vivaient la vie de tous les jours. J'espère que votre livre sera ce livre.
Pierre- Andé

Hubert RIPOLL a dit…

On ne peut éviter de parler des blessures car elles participent au travail de mémoire. Je ne peux passer sous silence trois blessures que m'ont dites mes "contributeurs" : D'avoir été trompés, d'avoir dû s'exiler, de ne pas avoir été accueillis comme des membres de la famille en arrivant à la "mère-patrie". Taire ces blessures serait ne pas être fidèle à leur mémoire.
Mémoire de là-bas ne sera pas qu'un livre de blessures. Loin de là; Je suis parti à la recherche des fondements de la mémoire et de sa transmission à la descendance. Or, cette mémoire est heureuse, au-delà des blessures. C'est tout d'abord la mémoire des pères fondateurs, Français, Italiens, Espagnols, Maltais.... Leur mémoire est heureuse car ils ont osé quitter leur pays pour vivre ou survivre. Ils ont fondé une colonie et ils ont réussi. C'est aussi la mémoire heureuse de la vie des pieds-noirs au quotidien.
Mémoire de là-bas ne sera pas un livre de blessures même si il faudra en parler.

Anonyme a dit…

J'ai découvert votre blog et j'ai hâte de lire votre livre. Parler de notre mémoire est très important pour notre communauté. Moi, je n’ai jamais pu en parler aux enfants. C’était trop dur ? Est-ce qu’ils auraient compris ce que nous avons souffert ? Je le regrette aujourd’hui, parce qu’il est trop tard, parce que les enfants ont quitté la maison. Et même aujourd’hui, je ne le pourrais pas, sinon, je pense que je me mettrais à pleurer devant eux. Les mauvais rêves dont je sors en pleurs de ne plus avoir dix ans en Algérie, c’est pour moi, pas pour eux. Même votre livre, je souhaiterais qu’il le découvre par eux-mêmes, parce que moi, il m’est trop difficile d’en parler. Si ça vient d’eux peut-être. Mais est-ce que cela les intéresse encore ?
Vous, il faut aller au bout. Merci.
Vincent (74 ans, né à Guelma)

Unknown a dit…

je retrouve avec plaisir votre blog, vous m'aviez répondu je viens seulement de le voir, je suis heureuse de voir que votre travail avance et c'est tant mieux.
moi je raconte toujours à mes petits enfants, mes enfants sont maintenant très attentifs à mes propos, j'écris aussi des petits "billets d'humeur" pour laisser une trace des petites choses de la vie de la bas qui m'ont marquées ou touchées, enfin mon enfance quoi.
bon travail et j'espère bon succès aussi
Adrienne la bel abbésienne

Hubert RIPOLL a dit…

Me voilà arrivé au bout de cette entreprise. Une dernière manche reste à jouer. Trouver le bon éditeur.
Je vous tient au courant.